Koto Jean Paul,
Comme tu as participé à la rédaction de cette nouvelle Constitution, je viens directement à la source. Après tout, quand l’eau a un goût bizarre, il faut bien demander au puisatier ce qu’il a mis dans le puits.
En lisant le texte, je tombe sur une gymnastique qui me laisse perplexe :
- D’un côté, on nous dit que le Premier ministre est responsable devant le Président de la République, qui l’a nommé et peut le révoquer à tout moment (articles 81 à 85).
- Mais, dans le même texte, on lit que le Gouvernement est aussi responsable devant le Parlement, qui peut le renverser par une motion de censure (articles 134-135).
Alors Koto, explique-moi avec des mots simples :
Le Premier ministre, il obéit à qui ? À Sékoutouréya ou à l’Assemblée ?
Est-il le commis du Président ou l’otage des députés ?
Peut-on servir deux maîtres à la fois sans finir en schizophrène institutionnel ?
Je me demande si vous n’avez pas inventé une nouvelle figure de style :
- un Gouvernement « élastique », tiré d’un côté par le Président et de l’autre par le Parlement,
- un Premier ministre qui se lève le matin pour demander : « Qui est mon patron aujourd’hui ? »
Koto, sois honnête avec moi : est-ce une Constitution ou un manuel de contorsion politique ?
Parce que dans ma logique de profane, c’est comme si :
- Le Président donnait à son Premier ministre une laisse bien courte,
- et en même temps, l’Assemblée lui passait un collier électrique.
Résultat : le pauvre Premier ministre risque de passer son temps à aboyer dans deux directions sans jamais savoir où mordre.
Alors dis-moi, Koto Jean Paul, toi qui étais à la table des scribes du CNT :
Est-ce une erreur d’écriture ? Une distraction ? Ou bien une ruse volontaire pour maintenir le Gouvernement en position de funambule permanent ?
Je t’interpelle, mais je garde une crainte : que ta réponse ressemble à ces articles de la nouvelle Constitution, faciles à lire mais fastidieux à comprendre.
Avec ma naïveté corrosive,
Alpha Issagha Diallo
Profane sans fauteuil, mais avec une mémoire longue comme les mensonges de la Transition
Un citoyen qui ne siège pas au CNT, mais qui sait qu’on ne sert pas deux maîtres à la fois
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