La Guinée croyait assister à un procès, ce mardi 09 septembre à Coyah. En réalité, c’était du théâtre populaire. Sur scène, une justice déguisée en actrice maladroite, trébuchant sur ses propres textes, oubliant ses répliques, bafouillant devant un public qui n’applaudit plus depuis longtemps.
Mais heureusement, face à ce spectacle désolant, une troupe de jeunes avocats de la partie civile a pris les choses en main. Deux avocates piquantes comme le piment antillais et leurs collègues masculins au verbe acéré ont transformé l’audience en une pièce mémorable. Eux, au moins, savaient leur rôle : dire le droit, dire la vérité, dire ce que la justice officielle n’ose plus dire.
Ils ont détaillé l’affaire point par point :
Non-assistance à personne en danger.
Permis expiré depuis des lustres.
Défaut de ceinture de sécurité.
Excès de vitesse.
Chaque argument tombait comme une gifle sonore sur la joue d’une justice qui croyait pouvoir maquiller la scène.
Et puis, le moment fort : Maître Salifou Béavogui se lève, regarde le président droit dans les yeux et lance :
« Monsieur le Président, si nous étions dans un procès normal, le prévenu n’aurait aucune chance d’échapper à la peine aggravée. Minimum cinq ans. Mais… »
Ce « mais » a claqué comme le rideau final. Car tout le monde avait compris : nous n’étions pas dans un procès normal. Nous étions dans ce vieux cirque guinéen où la justice se contorsionne pour plaire aux puissants, où la vérité est mise en parenthèses, et où l’équité reste bloquée en coulisses.
Le procès Singleton n’aura pas seulement jugé un artiste : il a mis la justice guinéenne à nu, exposée, fragile, ridicule. Une actrice sans voix, éclipsée par la brillance et la fougue des avocats de la partie civile, qui ont sauvé l’honneur du théâtre judiciaire guinéen.
Ici, le verdict est déjà connu : la justice guinéenne est coupable… de jouer faux.
Alpha Issagha Diallo
Écrivain, témoin du réel
Fossoyeur des illusions judiciaires
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